HARATAGO… basa ahaide

Haratago (« au-delà » en Basque) révèle toute la puissance du Basa Ahaide, expression vocale des bergers montagnards du Pays Basque. Traditionnellement chanté en solo et a capella, Julen Achiary, inspiré de ses rencontres avec des musiciens de Turquie et d’Azerbaïdjan, revisite ce répertoire ancestral au sein d’un quatuor à la distribution inédite, avec Nicolas Nageotte à la clarinette et au duduk, Bastien Fontanille à la vielle à roue et au banjo, et Jordi Cassagne au violone (contrebasse de viole de gambe).

Ces chants ancestraux, transmis de manière orale, retranscrivent l’émotion du berger chanteur devant la nature et sa vie en estive. Depuis sa plus tendre enfance Julen Achiary les a entendus, écoutés… puis il les a chantés. D’abord pour lui, avant de désirer trouver la forme qui lui correspondait pour la partager avec le public.

« Je voulais partager ces trésors de mélodies modales qui sont si bien cachés dans nos vallées. Qu’elles puissent déployer leurs ailes portées par un souffle nouveau. J’ai mis des années à trouver et à inventer, après des rencontres, après des voyages, après des expérimentations, la forme qui me conviendrait pour faire cela. Le résultat de ces années de recherche est Haratago, cet ensemble avec lequel nous continuons à chercher, à expérimenter, à inventer, créer. Car il s’agit bien de création, la tradition vivante étant en perpétuel mouvement. Celle-ci a aussi besoin d’invention pour vivre, et nous nous y attelons à la fois avec modestie et joie, ancrés à la fois dans notre culture ancestrale et dans notre contemporanéité. » 

(J. Achiary)

        « Iturri zaharretik edaten dut,
  ur berria edaten,
          beti berri den ura,
  betiko iturri zaharretik »

 

 

          Joxean Artze

       

 

       « Je bois à la vieille fontaine,
      je bois l’eau nouvelle,
                         l’eau toujours nouvelle
               de la vieille fontaine de toujours 

 

Haratago ©Nahia Garat

 

« On parle d’Haratago… »

…Et l’on arrive à ce qui restera pour moi le grand moment de ce festival, le projet Haratago autour des chants de bergers basques de la Soule, les basa ahaide (les chants sauvages).
Ce projet est mené par Julen Achiary (voix), Nicolas Nageotte (clarinette), Bastien Fontanille (vielle à roue), Jordi Cassagne (violone). Ces chants sans paroles, dédiés à l’aigle, au chocard, ou au gypaète, sont empreints de noblesse et de ferveur.

©Nahia Garat

Ils disent beaucoup sur le rapport à la nature de ces bergers, sur leur capacité d’émerveillement, sur leur sensibilité à la grandeur. Ils n’étaient donc pas seuls dans les estives, ces bergers d’autrefois, puisqu’ils avaient tant de beauté dans leur regard.

Traditionnellement, ces chants sont exécutés a capella. Mais Julen Achiary et ses copains ont orchestré ces chants à leur façon en regardant vers l’orient et les Balkans.

La voix de Julen Achiary arrive magnifiquement à transmettre cette grandeur. Elle est souple, puissante, mais ne passe jamais en force. Elle a parfois des inflexions de muezzin. Elle semble prendre exemple sur les oiseaux majestueux qu’elle évoque, car elle s’élève par paliers, s’appuyant à la vielle à roue ou à la clarinette comme les aigles s’adossent aux courants d’air ascendants. La relation musicale entre le clarinettiste Nicolas Nageotte et Julen Achiary est magnifique: Tous deux se font la courte échelle pour aller au plus haut des nuées, tous deux déploient leurs ailes.

                                                                                                                                                                          JF Mondot, Jazzmagazine